Aujourd’hui, c'est un TRIO QUE nous allons rencontrer . . un trio qui compose l'imprimerie de LUXE appelée Antoinette Poisson.
Ce trio est le résurrecteur d’une technique artisanale vieille de 3 siècles.
Antoinette Poisson crée et fabrique du papier peint dominoté.
d.o.m.i.n.o.t.é… nous avons déjà évoqué ce terme sur le blog allez voir dans la case RECHERCHES
C'est dans le quartier de la bastille que vous allez les trouver ,A PARIS évidemment, là où commençait, au XVIIIe siècle, le Faubourg Saint Antoine, un quartier d’artisans situé hors des portes de Paris où ébénistes, chiffonniers, tapissiers, décorateurs, fondeurs et faïenciers s’activaient.
Trois siècles plus tard, elles restent le témoin d’un passé populaire. Elles ont abrité du labeur. Certaines ont été sacrifiées, impuissantes, sur l’hôtel de la modernité par le Baron Haussmann.
En poussant la porte du 12 rue Saint Sabin à la rencontre d’Antoinette Poisson, : Une cour. De celles qui dérobent leur charme aux regards des passants, d’une beauté trop provocante pour s’afficher ostensiblement.
C’est dans cette cour que se niche à présent l’atelier
d’Antoinette Poisson.
Tous les trois sont restaurateurs du patrimoine, spécialisés dans le papier peint. Travailleurs indépendants, ils se retrouvaient au hasard des projets de restauration. Après plusieurs années passées ailleurs , ils ont pris du recul et se sont associés. De guérisseurs ils sont devenus des résurrecteurs.
Ensemble, ils ont redonné vie à une technique artisanale datant de trois siècles : celle de la dominoterie.
La dominoterie est une technique d’impression des premiers papiers peints datant du XVIIIe siècle.
N’imaginez pas des lés de papier peint tels que nous les connaissons aujourd’hui. Le papier dominoté est modeste. Ses dimensions de 32×42 cm le rendent discret. Au hasard des allées d’une brocante, on en a peut -être déjà croisé, couvrant l’intérieur d’un livre, habillant le fond d’une armoire.
Chaque feuille était imprimée à l’aide d’une planche gravée et rehaussée de couleur à la main, au pochoir.
Ce papier servait principalement à tapisser coffres, armoires, tiroirs et alcôves. Il sera utilisé progressivement pour décorer les murs des garde-robes, chambres de domestiques, encoignures et intérieurs de meubles.
Dans une vielle demeure auvergnate - décidément on reste dans la région puisque nous y étions avec JEAN ANGLADE - Là, dans une pièce de la maison, ils découvrent sous des couches de papiers peints que les siècles ont accumulés, des résidus de papiers dominotés.
Des miraculés datant de 1780.
De ces embryons de papier dominoté, on leur demande d’en faire une greffe pour en reconstituer l’original. . . . .Aucun artisan ne pratiquait plus l’art de la dominoterie. . . . . ils ont tout fait en autodidacte”, leur dit Julie.
La rusticité, la simplicité et l’irrégularité du papier peint dominoté les touchent : “ ils y décèlent l’empreinte de la main.”
L’entreprise artisanale “A Paris chez Antoinette Poisson” naît en 2012.
Leur nom est emprunté à la Pompadour, née Jeanne-Antoinette Poisson, dame de bourgeoisie devenue Marquise à la faveur de Louis XV, protectrice des arts et dont les dates de naissance et de mort (1721 – 1764) correspondent à l’âge d’or du papier peint dominoté.
Aujourd’hui, ils restent fidèles à l’esprit de l’époque. L’impression est effectuée à l’aide d’une planche gravée selon les techniques traditionnelles. Quant au papier, il est fabriqué par un maître papetier dans un moulin Charentais. Un papier artisanal, fabriqué à la cuve à partir de chiffons, similaire à celui de l’époque.
“Chaque feuille est unique”
Dans leur atelier une longue table s’étend à l’infini. Au fur et à mesure du travail de la matinée, elle sera recouverte de feuilles dominotées, s’étendant en un joli parterre fleuri.
Jean-Baptiste enfile son tablier. Ce dernier a la couleur du bleu qu’il doit reproduire pour l’impression de 150 dominos d’un motif géométrique de leur création. C’est le bleu n°59 de son catalogue de couleurs.
Antoinette Poisson y a capturé toutes les couleurs utilisées au XVIIIe.
A ses côtés, les bouteilles de peintures jaune, bleu, blanche, noire, rouge forment une ligne d’horizon urbaine.
Sur une plaque de marbre, Jean-Baptiste mélange les couleurs jusqu’à obtention du bleu souhaité.
Une cuillerée de jaune, une louche de bleu, quelques touches de blanc, un soupçon de noir.
Il remonte ses manches. Il va répéter les mêmes opérations et les mêmes gestes. 150 fois.
Chaque domino présente des irrégularités, c’est ce qui fait que “chaque feuille est unique”.
A ses côtés, Julie fabrique des luminaires tandis que Vincent et Catherine (venue prêter mains fortes) donnent des couleurs à un motifs d’époque.
Grâce à Antoinette Poisson, le papier peint dominoté tapisse nos murs, s’encadre, couvre de jolis carnets, se fait luminaires. Julie, Vincent et Jean-Baptiste ont même étendu la technique de la dominoterie au tissu.