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Le Dr Iris De Ryck estime qu'il aurait fallu confiner les nombreux Belges de retour de vacances en Italie. © DR
Iris De Ryck, une épidémiologiste belge qui travaille en Italie, prévient qu’il ne faut pas prendre l’épidémie de Covid-19 à la légère. Au journal Het Laatste Nieuws, la spécialiste dit espérer que les autorités belges ont retenu la leçon de la situation dramatique en Italie.
Iris De Ryck, médecin et épidémiologiste belge, vit le lock-down italien de près puisqu’elle travaille dans une grande entreprise pharmaceutique à Sienne, en Toscane. En termes de virus, le Dr De Ryck sait de quoi elle parle car elle a notamment participé aux recherches pour lutter contre Ebola. Mais le Covid-19, désormais qualifié de pandémie par l’OMS, l’inquiète tout particulièrement.
“Déjà à la mi-janvier, alors qu’il (le coronavirus, NDLR) commençait seulement à se propager en Chine, j'étais persuadée que ce virus, particulièrement contagieux et pour lequel nous n’avons aucun vaccin ni traitement, serait dangereux”, explique Iris De Ryck au quotidien flamand. Et la spécialiste de rappeler que des patients asymptomatiques peuvent contaminer d’autres personnes.
Fallait-il confiner les Belges de retour de vacances en Italie?
Tout s'est accéléré en Belgique ces derniers jours, ce qui a poussé les autorités à prendre différentes mesures. Pour certains, ce n'est pas suffisant. D’autres y voient en revanche des réactions de panique exagérées. Iris De Ryck ne souhaite pas critiquer l'action des décideurs politiques en Belgique. “Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, tant il y a d’intérêts en jeu”, admet la spécialiste. “Mais il était évident que notre pays ne serait pas épargné.”
De nombreux experts avaient mis en garde sur l'arrivée certaine du virus en Belgique. Pourtant, de nombreux Belges sont revenus librement de zones infectées, le nord de l’Italie notamment, après y avoir passé les vacances de Toussaint. Ces gens sont ensuite allés travailler ou étudier le lundi comme si de rien n'était. Un laxisme qui a surpris Iris De Ryck. “J’ai entendu à la télévision flamande qu’il était impossible de confiner tous ceux qui revenaient d’Italie. Difficile, oui, mais pas impossible. Prendre cette décision aurait permis d’éviter en partie ce qu’il se passe à présent”, dit-elle.
“Quiconque se plaint encore en Belgique doit se réveiller de toute urgence”
Iris De Ryck espère que les autorités belges ont appris quelque chose de la situation en Italie, où l’on pensait, à tort, que tout était sous contrôle en se focalisant uniquement sur les groupes à risque. Or, souligne le Dr De Ryck, ce sont précisément les personnes à faible risque qui entretiennent la chaîne d’infection. “En Italie, on n’a pas vu le danger venir.”
Malgré tout, la vie semble suivre son cours en Belgique, malgré les recommandations des différentes autorités. “En tant que Belge, j’ai l’habitude de ne pas vraiment suivre les règles et en Italie, ce n’est pas différent”, avoue Iris De Ryck. “Mais tout a changé ces derniers jours, les Italiens ne se rebellent plus contre ces mesures draconiennes et les respectent sagement. Ce n'est pas encore le cas en Belgique. Il ne s’agit plus de jeunes gens en bonne santé qui attrapent la grippe, mais de contaminer des centaines et des centaines de personnes. Ceux qui se moquent de ces mesures en Belgique doivent se rendre compte que la situation va bientôt empirer [...] Il y a dix jours, personne en Italie n’imaginait qu’il serait interdit de se déplacer, que les matches de football seraient annulés et les commerces fermés.
Quiconque se plaint encore en Belgique doit se réveiller de toute urgence”, conclut Iris De Ryck.