Zviaguintsev transcende un sujet convenu par une mise en scène impressionnante de puissance et de profondeur.

En hiver, au bord d’un étang, les arbres sont nus, enfin presque, couverts d’une pellicule de neige. D’un angle, un tronc couché n’a pas fière allure. Mais d’un autre point de vue, avec son reflet dans l’eau, on dirait un dinosaure. Au départ d’un plan banal qui succède à un autre, puis à un troisième, on sent l’écran se charger d’une puissance de fiction, de métaphore. Objectivement, on observe la beauté du cadre, subjectivement on sent la puissance d’un artiste se déployant à travers la mise en scène.

Ces arbres, Aliocha les voit tous les jours, en allant et en revenant de l’école. Il les regarde souvent, joue parfois avec eux. Et puis, il rentre chez lui.

Chez lui, pour combien de temps encore ? Des gens visitent son appartement et parfois déboulent dans sa chambre. Ses parents divorcent dans un climat de haute tension.

En fait, il est le dernier problème à régler. Sa mère n’en veut pas. Son père n’en veut pas, non plus. Sa grand-mère n’en voudra pas. C’est alors qu’arrive un plan qu’on n’oubliera jamais. C’est pourtant un moment de pause. La discussion vient de s’arrêter car la mère a pris la direction des toilettes, la caméra la suit jusqu’à la cuvette, son regard est indécent alors elle panote et découvre planqué dans l’ombre, le gamin. Son visage est dévasté par les horreurs qu’il vient d’entendre. C’est le cri de Munch, vivant et terrifiant. On ne verra plus l’enfant de tout le film, mais la puissance de ce plan le rend omniprésent.

Quelques jours plus tard, l’école se manifeste, inquiète de l’absence d’Aliocha depuis 48 heures. Ses parents, trop occupés ailleurs, ne s’étaient pas aperçus de sa disparition. La police est prévenue. Un film stressant, scotchant, commence, mais on ne peut le qualifier de thriller car son cœur n’est pas le suspense. Le cœur est bergmanien. Il observe ces parents qui, au début, ne sont pas loin de penser : déjà qu’on ne sait pas quoi faire, voilà qu’il nous emmerde avec une fugue ! Le cœur du film n’est pas "va-t-on retrouver le gamin ?" mais "comment un père, une mère, peuvent-ils en arriver ce sentiment-là ?"

Quand on fait la connaissance de la grand-mère, on comprend un peu mieux pourquoi. Comment pourrait-on donner ce qu’on n’a pas reçu ? Elle n’a pas reçu d’amour de sa mère, peut-elle en donner à son fils ?

Quand cette mère fait son jogging dans un training marqué Russia en gros caractères, le film prend automatiquement une dimension métaphorique à la mesure du pays entier. "Faute d’amour" est aussi un scanner de la Russie contemporaine, plus précisément de sa classe moyenne aisée. Où vivent-ils ? Comment vivent-ils ? Dans la cour d’école, les petits Moscovites ne sont pas bien différents des petits Bruxellois. La mère d’Aliocha a les yeux vissés en permanence sur son portable et son père trouille que son patron ultra-orthodoxe apprenne son divorce car c’est le C4 dans l’heure.

Car si l’Eglise est toute puissante, la police est plutôt impuissante. Elle ne s’en cache pas. Elle s’en remet aux statistiques : un fugueur réapparaît après 8-10 jours. Sinon, mieux vaut s’adresser au child focus local.

On découvre alors une organisation privée, pour le coup très organisée. Elle est composée de citoyens solidaires, motivés, bien introduits dans les institutions d’un Etat délabré, a l’image du terrain de jeu du gamin perdu, un grand hôtel désaffecté au milieu des bois.

Ainsi le film est russe comme ses fameuses poupées. Les différents niveaux s’emboîtent les uns dans les autres et la mise en scène de Zviaguintsev transforme l’ensemble en œuvre d’art. On n’a jamais vu des plans d’arbres exhaler une telle puissance tragique. On n’a jamais vu la fouille nocturne d’un immeuble aussi lumineuse. On n’a jamais vu la tension monter dans un plan parce qu’il dure plus que ce qu’il devrait, comme s’il poussait le spectateur à scruter l’écran avec plus d’attention que les enquêteurs qui sont peut-être passés trop vite à côté d’un indice.

Depuis son premier film "Le Retour", on sait que Zviaguintsev est un metteur en scène d’exception. Son talent a encore gagné en volume, en épaisseur et il se rapproche du grand public.

 © IPM Réalisation : Andreï Zviaguintsev. Scénario : Oleg Neguine, Andreï Zviaguintsev. Image : Mikhaïl Kritchman. Avec Maryana Spivak, Alexey Rozin, Matvey Novikov… 2h07

voilà de qui on parle

xctghsf

je ne suis pas une intellectuelle  : ni de cinéma ni de rien d'autre d'ailleurs 

je ne connais strictement pas  ce réalisateur russe  je n'en ai jamais entendu parlé et tout ce qui se passe à Cannes ne m'a jamais intéressée 

cela dit je veux bien le croire   parce qu'il semblerait que je sois en accord avec ce critique  belge de la libre belgique  , qui lui , connaît   le cinéma sur le bout des doigts

s'il passe en sous titré je suis incapable de suivre  : mais  s' il passe en français je veux le voir 

mais voyons plutôt Le Top 15 de Fernand Denis  de la libre belg. des films  de 2016

je n'ai pas trouvé  2017 ?

1. Paterson de Jim Jarmusch

2. Toni Erdmann de Maren Ade

3. Baccalauréat de Cristian Mungiu

4. Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier

5. Eternité de Tran Anh Hung

6. An (Les délices de Tokyo) de Naomi Kawase

il est passé à la séance de 18h  juste avant le "sens de la fete" à 20h  il y avait un monde fou : les gens étaient ravis et  pour vous donner un ordre d' idée   : "Brillantissime"   : 23 personnes dans la salle pas un rire

7. Aquarius de Kleber Mendonça Filho

8. Les premiers, les derniers de Bouli Lanners

9. L’Economie du couple de Joachim Lafosse

10. Elle de Paul Verhoeven

11. Ma vie de courgette de Claude Barras

12. Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent

13. Truman de Cesc Gay

14. Nocturama de Bertrand Bonello

15. Cafe Society de Woody Allen

je ne connais aucun de ces films même si je connais certains réalisateurs  c'est dire  "mon inculture cinématographique"    : par contre je sais dire si un film populaire  est bon   ou  mauvais et en ça il me parait tout à fait en accord avec mes émotions et  mes critiques