Dès l’entrée, Caroline Notté impose son caractère. ,Couteau Dah de Birmanie , posé dans un coin, gants de boxe accrochés dans un autre, et guerrière manga des artistes Andersson & Low accrochée au mur, autant vous dire que la maison de cette femme forte lui ressemble.
Le ton est donné. Nikita, le braque de Weimar, virevolte.
Dehors, une sculpture géante de Pol Quadens s’entremêle. L’antre de la guerrière s’ouvre. (???)
Il y a de la douceur chez elle, et c’est tout l’intérêt de ce style très personnel qui conjugue les contraires : rose pâle contre noir, classique contre hypercontemporain, pièces rares contre rééditions, street art contre moulure, carrelage ancien contre béton, décalage rieur contre rigueur plus que sérieuse.
L’architecte s’amuse autant à tracer des volumes impeccables en jouant avec les perspectives et couleurs, qu’à imaginer une installation feu follet dans son jardin avec masques enfantins, guirlandes et bois ramassés. C’est que la guerrière est une sensible, voilà tout.
Et cette sensibilité- là – l’art de choisir des meubles et objets qui donnent vie et d’imaginer des volumes qui respirent – lui ouvrent encore de beaux projets. Elle vient tout juste de rénover l’espace du restaurant étoilé Bon Bon, en travaillant notamment avec le designer Jean-François D’Or pour une installation in situ. Et elle rénove les deux cents chambres de l’hôtel Van Belle avec l’ambition d’en faire le Mama Shelter de Bruxelles. C’est qu’une guerrière a des ressources
Comment êtes-vous arrivée dans cette maison ?
C’est une ancienne laiterie, en fond de cour, que j’ai rénovée il y a dix ans pour des clients. Pour eux, je l’ai beaucoup transformée, en revoyant tous les volumes notamment. Mais nous avions les mêmes goûts, ce que je faisais pour eux, je l’aurais fait pour moi, et c’est pour ça que j’ai repris la maison il y a un an et demi.
Vous l’avez transformée à votre arrivée ?
J’ai juste refait les peintures, les papiers peints. Je venais d’un loft et j’avais envie d’un espace plus intime dans lequel on se sent bien. Cette maison n’est pas très grande et elle permet justement cela. Dans un lieu comme celui-ci, on est obligé de penser chaque détail et de jouer avec les perspectives pour ouvrir l’espace parfois, et le rendre plus intime d’autres fois. Il n’y a pas plus d’une dizaine de couleurs dans la maison, je les ai définies comme un peintre cubiste sur un tableau. Je crois que ne pas oser, c’est déjà perdre...
Photo : Les Barbie utilisées pour la photo de la série Kill Biie réalisée par Caroline Notté et Phil Akashi, et accrochée dans la pièce d’à côté sur un fond qui rappelle le film de Tarantino, sont exposées sur une étagère Tomado.
sincérement si je fais ça chez moi sur mon étagère de la salle à manger que je ne suis pas certaine de garder : on va vraiment dire que je suis une vraie cinglée . .. voyez- vous c'est pareil dans tous les domaines de la vie : vous avez un nom TOUT TOUT TOUT TOUT VOUS EST PERMIS c'est comme en politIQUE
EH OUi ! à quoi ça tient le talent ?
D’où le jaune pétant pour donner de l’éclat dans un coin sombre, le papier peint Cole & Son audessus de la cheminée et le choix de l’asymétrie, que ce soit dans des carrelages que je choisis de tailles différentes, ou dans le positionnement d’étagères. Et puis, dès le départ, j’avais joué avec quelques astuces. En rétrécissant un peu l’escalier pour pouvoir créer un vestiaire coulissant par exemple, ou en créant un puits de lumière sur une terrasse pour pouvoir éclairer le salon.
Photo : Les canapés Togo du salon se déploient devant la cheminée parée d’un papier-peint Cole & Son et une table rare d’Ado Chale en marcassite. Au mur, les étagères osent l’asymétrie et se prolongent en bureau. On y trouve, notamment, des vases de Murano.
Les oeuvres d’art ont une place primordiale dans votre intérieur... Je suis fan d’art. Je collectionne depuis une quinzaine d’années. Dès que j’ai commencé à travailler, j’ai dépensé mes premières payes en oeuvres d’art. Ici il n’y a que des choses que j’avais déjà et les oeuvres ont influencé plusieurs de mes choix de couleurs dans la maison. L’immense toile blanche de Paulo Climachauska était faite pour vivre sur un mur noir, et pas étonnant qu’une architecte craque pour cette toile d’une cathédrale des temps modernes. La toile hypercolorée de Maya Hayuk trouvait sa place dans la cuisine noire et blanche. Je n’achète pas pour spéculer, j’achète uniquement au coup de coeur.
désolée mais autant sa maison j'adore : autant ce qu'elle réalise me pose problèmes : ses couleurs vives , ses oeuvres d'art . . ces objets . . . ses effets graphiques en général (voir sa salle de bains et le carrelage noir je ne trouve pas la photo pas grave je cherche ) bref ses goûts en général
je ne peux pas
Par contre c'est elle qui est reconnue jusqu'au japon : ce n'est pas moi (mdr)
Plus sérieusement : je ne supporterais pas vivre dans une salle d'exposition . .. Maintenant : quand j'entends la question de Stephane :" . . . ici comme c'est incroyable (?) vous montrez tous vos objets rien n'est dans les tiroirs . . . " Il est devenu crétin ou quoi ? vous achetez des objets de décoration pour les mettre dans les tiroirs vous ? Non là vraiment mon cher Stephane , vous ne savez plus quoi poser comme question ! Ou alors c'est l'âge !
Vous ne revendez pas ?
Comme j’avais un loft, j’ai dû revendre certaines pièces trop grandes pour la maison. Une pièce de l’Atomium, une oeuvre de Ben par exemple. Et puis j’aime le changement. J’ai beaucoup de street art, la plupart de ces artistes ont vu leur cote grimper et c’est vrai qu’il y a certaines oeuvres dont je ne voudrais pas me séparer. Avec mon frère, l’artiste Phil Akashi, j’avais vu à Shanghai une immense fresque sculptée au burin sur un mur par le Portugais Vhils il y a six ans. J’ai acheté la photo de cette oeuvre, d’ailleurs c’est le premier tirage sur cinquante, et c’est une de celles dont je ne voudrais pas me séparer.
Elle vous vient d’où cette passion pour l’art ?
J’ai étudié l’architecture à Bruxelles, la photographie à New York, j’ai travaillé avec Marc Corbiau puis Lionel Jadot, j’ai toujours été à la frontière de l’art. Avec mon frère, on a exposé la série de photos Kill Biie il y a deux ans, à Hong- Kong et Bruxelles, en mettant en scène des Barbie. C’est un travail de quatre ans autour de l’image des femmes. Et, aujourd’hui, je peins et personnalise des espadrilles que je vends au Club 55 à Saint-Tropez.
pardon mais faire quelques dessins sur de la toile moi aussi je peux ! je n'aurai aucun succès j'en suis convaincue
L’architecte d’intérieur Andrée Putman revendiquait souvent son côté touche-à-tout. Non seulement j’admire son travail, infiniment inspirant, mais je suis forcément impressionnée en tant que femme architecte par son parcours, comme celui de Zaha Hadid d’ailleurs. Nous sommes entourées de métiers masculins où il est difficile de s’imposer quand on démarre, mais on trouve notre ton et notre place. Et en plus je me reconnais totalement dans cette définition de touche-à-tout.
